Depuis deux semaines que nous sommes arrives à Puerto Juarez et je ne me décide pas à continuer le blog. Ce soir, 4 janvier, je me lance. Il faut dire que j’appréhendais un peu beaucoup ce moment. J’avais à la mémoire les merveilleux souvenirs des voyages passés et je me doutais que je n’y trouverais rien de chaleureux. J’en avais eu un avant-goût à Chichen Itza…
Pourtant le premier contact avec le petit camping de Puerto Juarez et de Mariano, aimable et sympatique propriétaire des lieux, était de bonne augure. Bien sûr le petit village d’autrefois était devenu un ville moyenne, pas tellement différente des autres villes mexicaines. On prépara donc notre souper de Noël,
ajoutant même des décorations à notre bivouac.
Christiane avait même fait un gâteau
en utilisant notre nouvelle acquisition, un mini-four. Et nous pouvions compter sur un nouvel ami, un brave iguane.
Un excellent début.
La suite fut moins positive. Histoire de mieux connaître les lieux, on prit la direction de ce qu’ils appellent « la zone hôtelière » mais que je qualifierais de « ghetto pour touristes »
Une suite interminable d’hôtels sur 22 kms parsemée de résidences pour gens fortunés. Même si la mer a toujours sa superbe couleur turquoise
on ne peut s’empêcher de penser que ce bord de mer, propriété de l’état selon la loi donc à tout le monde, est devenu en fait une chasse gardée des hôtels en place. Il y a bien des plages publiques mais, par pur hasard bien sûr, elles sont moins belles que les plages « privées » des hôtels.
Et si vous essayez de vous rendre à la plage en passant par un hôtel, gare à vous. Nous en avons fait l’expérience. Nous avions une connaissance de passage dans un de ces hôtels (Oasis Canne Coune pour ne pas la nommer) et nous avons décidé d’aller lui dire bonjour. Aussitôt que nous avons mis le pied dans l’hôtel, un agent de sécurité nous a immédiatement interceptés. Nous n’avions pas le fameux bracelet de l’hôtel. Il fallait donc s’inscrire et payer 45.00$/personne pour pénétrer dans le lieu sacré. On a eu beau dire qu’on venait voir quelqu’un, il fallait payer sinon… On a donc laissé un message et quitté les lieux. Ah oui, j’ai aussi dit ma façon de penser au personnel dans mon meilleur espagnol. Vraiment désolant.(la situation, pas mon espagnol)
En fait à Canne Coune, tout est fait en fonction des apparences. On a voulu développer une zone touristique « American style » à la sauce Dysney. Le résultat : on a détruit, à mon humble avis, un des plus beaux endroits du pays pour attirer des touristes qui s’imaginent avoir visité le Mexique. Et je hais en particulier ces « gringos » qui, au restaurant, commande en anglais et payent en dollar us comme si tout cela était normal.
Pendant ce temps, les ouvriers mexicains, attirés par les chantiers de constructions, se retrouvent dans des quartiers pourris lorsque le travail vient à manquer. Tout l’argent des touristes, ils n’en voient pas la couleur et ils doivent se contenter des emplois les moins bien payés. Une belle réussite, vraiment.
Nous nous sommes décidés à traverser sur Isla Mujeres. La brochure en vantait les mérites comme un endroit idyllique. Peut-être il y a 35 ans ou même 20 ans mais pas aujourd’hui. En passant, si vous utilisé le nouveau débarcadère, (celui pour les touristes) le prix d’un aller-retour vous coûtera 15.00$ et si vous utilisez le traversier de Punta Sam (celui des mexicains) ce sera 3.00$. Faites vos propres conclusions. Bien sûr, vous ne débarquerez au même endroit en arrivant sur Isla. Pas le même monde, faut pas mélanger. La mer est toujours aussi impressionnante de beauté.
Mais l’île a été vendu au dieu $$$$. Garrafon,
un site de plongée, est devenu un parc national (question de bien paraître écologiquement sans plus) à 50.00$/personne, organisé style Dysneyland.
Et depuis l’ouragan Wilma en 2005, le récif de corail est presque disparu et les plages ont perdu environ 70 mètres de sable.
Et les habitants sont entassés dans des bidonvilles, loin du centre.
Il y a des choses que les touristes ne doivent pas voir. Quand je pense que nous avons passé des semaines complètes à Garrafon, campant sur la plage et observant les récifs de corail tout en se promenant avec masque et tuba au milieu des immenses bancs de poissons multicolores, j’ai mal au cœur.
Tout près du camping et pour vous donner une idée des disparités, il y a la plage des enfants (Playa el ninos). Fréquentée presqu’en totalité par des mexicains, il est facile de constater la différence.
Pas de sable blanc, des herbes, mais une joie de vivre réelle et une merveilleuse odeur de « pescados fritos »
On a bien aimé.
Et puis côte température, le si merveilleux Canne Coune, et bien, pas fort. Peut-être une question de hasard (Mariano nous a pourtant parlé de température normale) mais nous avons eu en 15 jours, au moins 6 jours de mauvais temps dont les trois derniers avec un maximum de 18 C et des vents violents qui nous ont obligés à jeter la tente-cuisine par terre,
Voici d'ailleurs en direct et en exclusivité le récit de l'évènement de notre envoyé spécial sur place:
"À notre arrivée sur le site, le vent est déchaîné. Juste avant le souper, l’orage commence. Je courre fermer la fenêtre frontale du camion mais n’y arrive pas. L’eau entre assez rapidement et je crie à Patrick de venir m’aider. A mon grand étonnement je le vois en train de retenir le panneau gauche de la tente qui menace de lâcher sous la rafale. Je me précipite pour l’aider et nous sommes là à retenir maintenant deux panneaux arrondis comme un ballon sous un vent menaçant . La pluie tombe à torrent, nous sommes trempés de la tête aux pieds. Patrick dit : « On restera pas comme ça toute la nuit! » Pendant que je retiens la tente tant bien que mal, Patrick s’empresse de rentrer tout le matériel périssable dans le camion. J’ai les bras tendus au max pour retenir les panneaux pendant que Patrick, après avoir tout rentré, a finalement décidé d’avancer le camion pour faire barrière au vent. Comme il ne voit rien car le rideau est encore pendu à la fenêtre et la pluie trop forte , il renverse la moto. Il entre vitement dans le camion et s’aperçoit que la pluie a atteint l’ordinateur. Je suis encore suspendue dans la tente!!! Patrick revient et me dit de tenir bon pendant qu’il décroche les tiges de deux extrémités de la tente. Et voilà! La tente s’affaisse et nous déposons des objets assez lourds pour la retenir. Nous entrons dans le camion. On a peine à bouger tellement c’est encombré. Tranquillement nous rangeons les objets un par un et on suspend tout ce qui est trempé sauf les boîtes mouillées qu’on dépose à l’étage supérieure du camion. Patrick demande « qu’est-ce qu’on mange? » Devine? Des céréales et des beurrées de beurre de peanut!!!"
pour ne pas la voir partir au vent.
A environ 2000$/semaine, cela fait cher du rayon de soleil pour les « gringos ».